IVG – C’est un choix.

Depuis quelques jours, je vois des tweets qui me hérissent le poils. Un gros débat entre les pro-vie et les pro-IVG fait rage et d’un côté comme de l’autre, il y a des choses pas belles à voir. Ça me démangeais de donner mon avis. C’est une chose très difficile pour moi car j’en parle très très rarement, c’est un épisode de ma vie que j’ai du mal à accepter mais aujourd’hui, je me sens prête, alors je vais me livrer un peu dessus et expliquer un peu ma vision des choses.

Revenons en 2014, à l’époque, j’avais 19 ans, j’étais au chômage, en couple et je me moquais des filles qui tombaient enceinte parce que « Elle a qu’à se protéger correctement avant de pleurer ! » (ah oui oui, j’étais comme ça). Puis un jour, c’était mon tour, ça n’arrive pas qu’aux autres. Réglée comme une horloge, mes règles ne sont jamais arrivées. J’ai foncé à la pharmacie et le lendemain, la nouvelle tombe. La deuxième barre s’affiche sur le test, c’était positif. Sous le choc, rien ne se passait dans ma tête, je me languissais qu’une seule chose, c’était de dormir. Je vais me recoucher le test en main, mon ex copain me demande le résultat : « – Positif. » « – QUOI ?! » « – C’est positif. » « – Euh.. OK. T’appelle l’hôpital tout à l’heure et t’iras avorter. »
Puis là, mon cœur se serre, se retourne, j’ai la nausée, je me sens mal. Pourquoi je devrais avorter ? Je peux pas réfléchir avant ?! Avorter ou non ? Comment assumer ? Et si j’allais a l’encontre de son avis ?
Pour lui c’était clair « J’ai envie de m’amuser, pas d’avoir un gosse ».
Mon rendez-vous pour l’IVG était seulement deux semaines après, le 1er Avril 2014. A partir de cet instant c’est une vraie descente aux enfers. Je n’étais pas prête, je pleurais chaque jours, puis la veille, j’ai pris sur moi et j’ai réfléchis longuement, le pour, le contre et puis au final c’était la meilleure décision pour moi et pour ce futur bébé.
Le 1er Avril, je me rends donc à l’hôpital avec mon ex conjoint. C’est perturbant car on passe côté maternité pour s’y rendre et aussi les urgences pédiatriques, j’étais très mal à l’aise. J’arrive dans le couloir, je me présente puis on me demande d’aller m’asseoir. J’attends. On revient me voir et là, la batterie d’examens commence, prise de sang sur prise de sang, échographie, suivi avec un psychiatre et puis au final je dois signer le dernier papier pour pouvoir recevoir le médicament qui arrêtera la croissance du fœtus. Gros moment d’angoisse et de stress, je pleure, j’ai peur mais je signe et avale mon cachet. C’est fait, je ne peux plus reculer à présent je dois aller jusqu’au bout. Je reviens deux jours après, les nausées sont de plus en plus présentes. La partie psychologique était passée, je l’acceptais mieux mais ce n’est rien comparé à ce qui allait m’arriver.
Toujours en étant accompagnée, je me fais hospitaliser pour la journée. On me donne deux cachets que je dois avaler et on me demande d’aller me balader. Sereine, je vais me balader dans l’hôpital puis… des douleurs atroces. J’ai la nausée, j’ai failli vomir tout mon petit dej’, plusieurs fois. Aucune position ne me soulageait, je pleure toutes les larmes de mon corps. C’est à partir de cet instant que mon ex part travailler, me laissant seule. La personne avec moi dans la chambre est sereine, déjà maman, elle appelle régulièrement une personne qui apparemment garde son fils.  Elle est seule. Je l’observe non en fait je l’admire, a travers le rideau à moitié shootée à cause de la douleur. Elle saigne déjà depuis le matin et moi rien. Les médecins passent et me disent qu’ils ne vont pas tarder à me renvoyer chez moi, qu’ils vont me donner encore 2 cachets et si pas de saignement, ils verront pour une autre solution. A peine pris ces deux cachets je m’allonge puis…. je me vide de mon sang. J’ai pas le temps de réagir que ça traverse la couche, les sous vêtements, mon pantalon, la protection, la couverture, les draps jusqu’au matelas, je me sens mal à l’aise, je cours aux toilettes et j’y reste un petit moment. Je sens les caillots partir au fur et à mesure, il y a du sang partout, une vraie scène d’horreur mais j’avais fait tout le travail en seulement quelques minutes, après ça, je pouvais rentrer chez moi me reposer… mais interdiction de quitter les lieux seule alors j’ai appelé ma sœur et je lui ai expliqué la situation. Compréhensive, elle est venue me chercher et m’a ramené chez moi, où j’ai passé mes journées à dormir, sous cachets parce que la douleur était ingérable pendant au moins un mois. J’ai saigné pendant 4 mois non stop. L’expérience a été traumatisante pour moi mais j’étais soulagée. Je n’avais plus à me soucier de l’avenir d’un enfant, qui aurai grandi dans la misère et dans le refus d’un père. J’ai longtemps gardé mon histoire secrète et j’en ai très peu parlé à mon entourage. Ce n’était pas une honte mais je ne savais pas quoi en penser alors je l’ai gardé pour moi. Je me suis posé des questions sur le fait d’avoir d’autres enfants, si j’allais assumer, si j’allais pouvoir à nouveau tomber enceinte. Grâce au psychiatre de l’hôpital, j’ai pu avoir des réponses claires et je remercie le système de pouvoir nous en faire bénéficier. Tout comme pendant une grossesse, on a besoin de suivi et d’être rassurée, pour cette démarche, on en a besoin aussi. Sachez que tout le long de mon séjour, je n’ai été jugé par personne. Les médecins ont été super compréhensifs, ils ne m’ont jamais orienté vers un choix.

Aujourd’hui, devenir maman m’a permis de faire mon deuil sur cette épreuve mais je ne regrette en rien l’IVG. Elle m’a sauvée et a sauvé un futur enfant de la misère. En ayant ma fille aujourd’hui, ça me conforte encore plus sur mon choix, je n’aurai jamais pu offrir une vie comme celle-ci à ce fœtus et la seule chose que je regrette c’est de n’avoir pas pris ma pilule correctement. Si aujourd’hui, je me retrouvais dans la même situation qu’en 2014, je n’hésiterai pas, je retournerai à l’hôpital.
L’IVG n’est pas une solution, les contraceptions le sont. L’IVG est là en cas d’accident mais il faut réellement penser à se protéger. Ce n’est pas facile à réaliser quand on ne l’a pas vécu mais faut pas se dire « Au pire j’avorterai » parce qu’on a pas envie de mettre de capote. Non. Ce n’est pas une partie de plaisir que ce soit pour l’IVG médicamenteuse ou par aspiration et il faut bien se mettre ça en tête.

Je terminerai par un conseil aux pro-vie, sachez que ce droit sauve des vies, permet à des femmes de vivre mieux. Si vous êtes contre ? Très bien, ne le faites pas mais par pitié laissez les gens dans ce cas là faire ce qu’ils veulent, la démarche est déjà assez dure comme ça, il faut être très courageux pour passer le pas, alors elles n’ont pas besoin de se faire juger en plus.
Pour les pro-IVG, l’acte en lui même est difficile à vivre, alors arrêtez de croire que les médecins vous foutent la pression pour ne pas le faire juste parce qu’ils demandent un suivi psychologique. Parlez 5 minutes avec un psychiatre, ça n’a jamais tué personne et au contraire, ça a permis à pleins de personnes, comme moi, de tenir le coup.

Pour les personnes qui se retrouvent dans cette situation, n’hésitez pas à regarder ce blog , il parle de l’IVG tout en douceur grâce à une BD sympathique, elle raconte en détails toutes les étapes et c’est super intéressant. Je me suis reconnu sur pratiquement toutes ces pages…

Si vous avez des retours ou commentaires à me faire, n’hésitez pas, les commentaires sont ouverts à tous.
J’avais besoin d’en parler et merci aux plus courageux de m’avoir lu.

Edit : Chaque femmes ne vis pas forcément cette épreuve de la même manière, tout comme une grossesse. Certaines ne s’en remettent pas, d’autres sont tellement soulagées qu’elles n’en souffrent pas du tout. Pour preuve, entre mon témoignage et celui de Clémence (MylittleIVG) il y a une grosse différence de ressenti.

On se retrouve donc au plus vite sur Callmeflowie.com !

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9 commentaires sur “IVG – C’est un choix.”